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"Le Je ou le Moi supérieur"

Conférence donnée par Mikhaël Aïvanhov en 1971


Image à méditer

Notre Moi supérieur est parfait, omiscient, tout-puissant, une partie de Dieu Lui-même, une quintessence limpide, lumineuse, pure... Alors, comment se fait-il qu'il nous laisse commettre des erreurs? La chose la plus difficile à comprendre, c'est qu'il existe en nous-même un être qui voit tout, qui sait tout, qui peut tout, mais qui reste impassible, qui ne dit rien, qui ne souffre pas quoi que nous fassions. Pourquoi accepte-t-il des situations qui ne sont pas dans son intérêt? Et quand nous lui présentons notre philosophie, nos désirs, nos projets, nos espérances, pourquoi ne fait-il rien pour les réaliser? Nous ne sommes pas séparés de lui, et quand nous souffrons, que nous voudrions améliorer les choses, il reste indifférent, il nous laisse dans le pétrin. Quel est donc le moyen d'arriver à le toucher ? Il est très important de le connaître car, le jour où il décide d'agir, rien ne lui est impossible puisqu'il est au-dessus de ce qui constitue notre être propre: le corps physique, le corps éthérique, le corps astral, le corps mental. Il est au-dessus, car tout cela ce sont des corps, alors que lui n'est pas un corps; il se manifeste à travers ces corps, mais sa région est celle qu'on appelle Aïn Soph Aur: lumière sans fin.

Quand nous voulons nous connaître, c'est-à-dire quand nous voulons le retrouver, notre Moi supérieur est immédiatement averti qu'enfin, pour la première fois, le plus grand travail qui existe sur la terre a été entrepris. Il est averti et il se réjouit. Tout ce que nous faisons d'autre le laisse indifférent, froid. Qu'on devienne général, ministre ou empereur, ou qu'on soit accidenté, dans la misère ou désespéré, cela ne le touche pas. C'est seulement le jour où nous voulons le connaître qu'il est alerté et qu'il commence à faire attention à nous.

Il existe en réalité pour le disciple deux méthodes qui lui permettent de se retrouver: la première consiste à se concentrer sur son ego, son moi humain. Ce moi est limité, illusoire, c'est entendu, mais il est malgré tout une réalité... Même si vous dites qu'il n'existe pas, au moins il existe comme inexistence! La première méthode consiste donc à se servir de ce faible moyen, de cet écran du moi, de la conscience, qui n'est pas vous, une lointaine manifestation de votre Moi supérieur. Vous vous accrochez à cette conscience, vous la retenez sans rien faire d'autre que de rester seulement conscient, et vous vous arrêter ainsi plusieurs minutes... en gardant cette conscience de vous-même... Alors, peu à peu, cette attention, cette concentration arrive à toucher le Moi supérieur.

Mais pour que les qualités du Moi supérieur descendent dans le moi inférieur, il faut faire intervenir l'imagination. Vous êtes là et vous pensez à votre Moi qui est en haut, vous imaginez qu'il est en train de vous regardez, c-à-d que vous-mêmes, de là-haut, vous regarder ici où vous êtes dans des conditions tellement imparfaites!... Vous maintenez cette pensée et vous faites circuler le courant entre votre Moi d'en haut et votre moi d'en bas. A ce moment-là, vous rétablissez le lien, le vrai lien, parce que d'ici vous pensez que vous êtes là-haut, et de là-haut, vous avez la conscience d'être ici, en bas, conscient de votre Moi d'en haut!

C'est très difficile à expliquer: vous vous divisez, et vous vous unissez. Vous vous divisez, mais depuis là-haut vous vous regarder en train de méditer ici sur votre vrai Moi qui est en haut, et il se forme ainsi un cercle extraordinaire qui permet le développement de la conscience de soi. Vous fermez les yeux, vous restez avec la conscience claire que vous êtes là, dans votre chambre, vous, un être vivant, un être pensant, et que votre Moi supérieur qui est en haut, qui a tous les pouvoirs et toutes les connaissances, se reflète en vous, se reconnaît à travers vous. Il se voit et il sourit, il rit... Vous, vous l'observez d'ici, vous regardez comment il est; et lui, de l'autre côté vous observe aussi. A ce moment-là, les deux pôles inférieur et supérieur de votre être commencent à se rapprocher, et un jour la fusion se fait: votre moi inférieur n'existe plus; ce moi inférieur qui n'est pas une réalité disparaît, et seul demeure votre moi réel, votre Moi supérieur. Fini les faiblesses, les découragements, les obscurités! Vous devenez omniscient, immortel, éternel.

Il faut donc imaginer que non seuleument votre Moi supérieur vous regarde, mais qu'il a conscience de se regarder lui-même à travers vous, à travers votre cerveau, et d'être lié à vous. Alors, quel contact extraordinaire se produit!

Très peu ont réussi à réaliser cette identification avec leur Moi supérieur car cela demande un travail gigantesque. C'est pourquoi certains Initiés avaient de bonnes raisons lorsqu'ils quittaient tout et allaient vivre retirés dans les forêts, les grottes ou les déserts, afin de ne plus avoir aucune occupation susceptible d'absorber leur énergies et de les détourner de leur but. Mais ici, en Europe, où nous vivons dans d'autre conditions, ce n'est pas à conseiller sauf dans des cas exceptionnels. Faire une retraite de quelque temps pour mieux travailler, oui, mais décider de vivre toute sa vie retirer du monde sans apporter ni aide, ni bénédictions aux humains, moi, je trouve cela un peu égoïste. C'est très courant en Inde: on abandonne tout, sa famille, ses biens, son métier pour se consacrer à la vie spirituelle. C'est bien, c'est bien, mais ici en Europe, il est préférable d'équilibrer les deux: la vie matérielle et la vie spirituelle.

Beaucoup de maîtres orientaux sont venus en Occident - ce n'est pas la peine de les nommer - mais les exercices qu'ils ont donné à faire à leurs disciples les ont souvent détraqués et rendus malades. En soi, c'étaient des exercices magnifiques qu'ils rapportaient des monastères de Mongolie, du Tibet ou de l'Inde, et ils croyaient pouvoir les enseigner aussi en Europe et en Amérique. Mais pour les Occidentaux il fallait d'autres méthodes. Beaucoup ont sombré dans la folie ou dans les dérèglements sexuels parce qu'ils ne savaient pas comment procéder et que ces exercices déclenchaient en eux des tornades qu'ils étaient incapables de maîtriser.

Avant d'aller expérimenter des connaissances dangereuses, il faut commencer par apprendre à se nourrir, à respirer, à aimer, à penser, à agir, et ensuite la science viendra, une science immense, infinie. Le plus important, c'est de savoir vivre correctement pour se renforcer. Mais les hommes négligent cela et accumulent toutes sortes de connaissances inutiles. On accumulent, accumulent, et le plancher s'effondre. Qu'est-ce que j'appelle le plancher? Le système nerveux. Eh oui, on l'oublie, on pense toujours qu'il pourra tout supporter, mais il faut d'abord le renforcer, et ensuite on pourra entasser tous les livres... D'ailleurs, même une courge peut nous l'expliquer, car elle connaît cette loi de la consolidation. Oui, regarder une courge: au fur et à mesure qu'elle grossit, elle renforce sa tige qui à l'origine était si fine, si tendre; et c'est ainsi qu'elle peut atteindre un poids formidable sans que sa tige casse. Mais il y a des gens qui au lieu de renforcer leur système nerveux accumulent des fardeaux, et un jour tout se casse, tout s'effondre en eux.

Sèvres, le 17 janvier 1971

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